Normand a raison : il y a 2 débats parallèles sur le même thème : je propose de continuer ici, de façon unique, à propos du livre de Mara Goyet "Collèges de France", janvier 2003, Fayard, 16 euros.
Je comprends qu’un intervenant sur ce forum trouve « marrant » le livre de Mara Goyet : il y a, en effet, de piquants portraits, de curieuses observations, de réjouissantes dénonciations : voilà un livre léger à conseiller.
Je comprends aussi qu’un prof du collège de mon quartier l’ait trouvé « décevant » : son argumentation pourrait se résumer ainsi : « Témoigner du travail dans un collège de ZEP est difficile tant les problèmes sont à la fois graves et complexes ; cela nécessite un propos rigoureux, une réflexion soutenue et une modération continue ; or ce livre butine quelques images, offre quelques pistes de réflexion, met en cause quelques aspects de l’Education nationale et de la société sans chercher à savoir si ce sont vraiment ceux qu’il faut dénoncer.
Un peu facile, donc, d’attacher quelques casseroles ici et là sans prendre la mesure de l’ensemble des causes et de les hiérarchiser ».
Pour ma part, plus importante me semble être la question de l’image donnée au public des élèves de ZEP. Car ce livre a du succès : tous les exemplaires étaient vendus dans les deux premières librairies où je me suis présenté. Qui sont ces lecteurs ? Que savent-ils réellement des ZEP ? Que retiendront-ils des élèves de ZEP ? Si les lecteurs sont des profs de ZEP, ils le liront avec plaisir, si ce sont des parents d’élèves ou des citoyens ordinaires voulant s’informer sur les ZEP, alors il y aura des dégâts. Mais beaucoup moins qu’on pouvait le craindre.
J’ai acheté ce livre en craignant le pire : la chronique de Mara Goyet dans « Le Monde de l’Education » avait montré qu’elle pouvait faire du mal (en toute bonne foi sans doute) pour l’image des élèves de ZEP sans même s’apercevoir qu’ils se comportaient de la façon décrite à cause d’un manque de professionnalité de sa part. La lecture de « Collèges de France » permet de nuancer ce propos : elle a donné dans sa chronique des exemples d’erreur mais son livre laisse penser que c’est rare chez elle. La question est alors double : pourquoi a-t-elle donné ces exemples négatifs dont les élèves pâtissent (et pas elle, ce qui est injuste) et pourquoi le quotidien « Le Monde » a-t-il repris ces quelques exemples là et pas d’autres qui montrent un professeur de qualité ?
Plutôt que la personne même de ce professeur, qui est somme toute un bon prof de ZEP qui tient bon alors que des perches lui sont tendues pour entrer dans une bande d’aimables défaitistes, la question se porte donc sur l’utilisation de ses « scènes et portraits » par une presse qui, elle, donne, sciemment semble-t-il, une image négative unique des élèves  |
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