Il y a 300 ans mourait Charpentier, l'auteur de la musique de l'Eurovision
PARIS, 12 fév (AFP) - Le 24 février 1704 sur les sept heures, au coeur du vieux Paris dans l'enceinte de la Sainte-Chapelle, mourait à 60 ans le plus discret des compositeurs français, Marc-Antoine Charpentier que le monde entier connait, parfois sans le savoir, grâce à l'indicatif de l'Eurovision.
Il y a quelque 50 ans en effet les huit premières mesures de son "Te Deum" avec force trompettes et timbales étaient choisies dans l'interprétation de Jean-François Paillard, pour annoncer les retransmissions télévisées internationales.
C'était le début d'une reconnaissance d'un "musicien de tous les paradoxes... passéiste et novateur à la fois..." qui "pratique sans conflit le style ancien et le style moderne", écrit sa biographe française Catherine Cessac (Fayard).
L'importance du musicien, son originalité (veine mélodique, orchestre colorée et harmonie recherchée) sont à ce point admises que le tricentenaire de Marc-Antoine Charpentier a été inscrit en France au catalogue des célébrations nationales.
Un site a été ouvert par le ministère de la Culture où il est possible de se documenter sur les manifestations organisées pour cet anniversaire (www.charpentier.culture.fr).
Deux colloques internationaux sont notamment prévus : "la vie et l'oeuvre", du 2 au 4 avril à l'Université de Birmingham et "l'étude des manuscrits autographes", du 30 septembre au 2 octobre au Centre de musique baroque de Versailles qui consacrera à Charpentier son festival annuel de l'automne.
Le regain d'intérêt pour la musique baroque européenne a bénéficié à cette personnalité dont les détails de la vie ne sont pas connus alors qu'en revanche est conservé à la BNF le gigantesque corpus de ses quelque 550 compositions, pour une bonne part à l'état de manuscrit.
Il y a 25 ans, le chef franco-américain William Christie, amoureux de la musique baroque notamment française, choisissait comme nom à l'ensemble vocal et instrumental qu'il créait, le titre d'une "idylle en musique" de Charpentier, "Les arts florissants".
chez la duchesse de Guise
La partition où interviennent les allégories des arts (musique, poésie, architecture et peinture) a été créée en 1685-1686 lors de la résidence de Charpentier, chez la duchesse de Guise.
Pour le tricentenaire Charpentier, les Arts florissants l'ont reprise en concert ainsi qu'un petit opéra en deux actes, "La descente d'Orphée", lors d'une tournée nationale et internationale début 2004.
Cependant on ne sait toujours rien des circonstances de la mort du compositeur ni où il fut enterré à la Saint-Chapelle. Il y était maître de musique de la maîtrise des enfants depuis 1698.
Sa singularité est de n'avoir eu aucun poste officiel à la cour de Louis XIV. Après un séjour de trois ans à Rome où il a subi l'influence de Carissimi et d'une forme musicale italienne comme l'oratorio en latin, le compositeur a été attaché à Marie de Lorraine, duchesse de Guise puis à partir de 1688 devint maître de musique de collèges de Jésuites pour lesquels il écrivit le fameux "Te deum" et un opéra d'inspiration sacrée, "David et Jonathan", à l'usage de l'éducation des élèves de la compagnie.
La production notable de Charpentier est surtout d'inspiration religieuse. Sa contribution au théâtre dramatique et lyrique fut limitée du fait de l'omniprésence de Lully. La musique du "Malade imaginaire" de Molière est tout de même de lui et il a signé à 50 ans aussi une tragédie lyrique "Médée" qui tomba sous le coup des "cabales des envieux et des ignorants".
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