Je livre ci-après la lettre que j'ai envoyé à la rédaction d'em@le. Je suis stupéfait de lire dans votre numéro 57 du 23 Novembre 2000, page 13, un discours pseudo-intellectuel prêcher les relations sans capotes. Je fais référence à l'article de Mr Rémes, qui se targue d'écrire depuis 10 ans des articles sur la prévention, et parle du sexe comme d'un "ultime espace de liberté insondable" (sic). Il joue d'ailleurs sur ses différentes casquettes d'écrivain, de journaliste, pour délivrer un message assez contradictoire... Sous prétexte qu'il est le narrateur d'un fait déjà existant (le "barebaking"), cela lui permet de faire l'apologie d'un mode de vie criminel. Il ne s'agit pas ici de justifier une inconscience meurtrière par la "souplesse" du raisonnement sur la manière de vivre sa sexualité. Comme ce monsieur le dit très bien au début de son article (puisqu'il cite les mots d'ordre de l'AG d'ActUp), le sida reste une maladie mortelle, et la baise sans capote présente un risque majeur de (sur)contamination. Faire le choix de baiser sans préservatifs, c'est courir le risque à très court terme d'être infecté par le virus HIV. Les personnes qui prônent la baise sans capote sont donc conscientes qu'elles sont ou seront rapidement porteuses du virus. Bref, monsieur Rémes écrit "qu'en tant que pédé, nous avons le droit de baiser comme il nous plaît, où il nous plaît, avec qui il nous plaît". La perversité du discours tient à amalgamer liberté individuelle, responsabilité morale, tout cela matiné de revendication homosexuelle. Car le "comme il nous plaît", doit être entendu comme "Individuellement, je préfère baiser sans capote" (dixit). Et en cela, l'objet du débat se résume à savoir si une personne à oui ou non la liberté d'injecter sciemment le virus à une autre personne, que ce soit via une seringue ou une bite (le symbolisme phallique en prend un coup). Arguer que la responsabilité individuelle prévaut dans tous les rapports (que ce soit une contamination ou une sur-contamination) est hypocrite. C'est faire fi de toutes les raisons "irrationnelles" pour lesquelles, à un instant T, on ne va pas utiliser le préservatif. Soulignons d'ailleurs que la difficulté encore réelle d'assumer son identité sexuelle peut constituer une faiblesse par rapport à ce type de prosélytisme. Car effectivement, Monsieur Rémes se défend de tout "prosélytisme barbeback", alors que l'objet de ses bouquins (hormis de lui rapporter de l'argent, et de faire parler de lui), n'est pas simplement de faire de "la prévention radicale", comme il le prétend, mais bel et bien, aussi, de séduire certains lecteurs, à plus forte raison ceux qui se savent déjà contaminés, puisque l'identification est possible. Il est tellement réducteur de penser qu'un discours "à la mode" tel que celui que j'ai lu dans votre magazine, distribué gratuitement à des milliers de personnes, puisse toucher tout le monde de la même façon, et qu'aucune ne puisse être tentée de rallier le "mouvement" gr’ce à cela. Les sectes sont combattues dans notre société car on considère justement que certains messages peuvent être mal interprétés par des personnes en attente de réponses. Monsieur Rémes, ou d'autres intervenants qui "pilonnent" depuis des mois certains forum gay (comme celui de Têtu, par exemple), on trouvé un nouveau créneau porteur...Qui aura le rôle du gourou ! On y lit que le bareback est un acte politique. Que contaminer d'autres personnes fait partie d'une stratégie visant à accélerer la recherche et à se montrer solidaire des peuples d'afrique contaminés et oubliés par l'occident. Au delà de la stupidité de ce type de discours, il faut y voir ici le résultat de ce prosélytisme. Je préciserais aussi, pour ceux qui pensent qu'ils ont le droit de se "détruire", qu'un débat social a donné raison à la censure des modes d'emploi du suicide. Si ce sujet peut se discuter en terme de liberté individuelle, rien n'autorise cependant une personne à donner la mort à une autre personne. Que cette dernière soit informée ou non des risques qu'elle courre, et pourquoi elle les prend, qu'elle soit ou non séropositive, puisque la mutation du virus peut briser les effets d'une thérapie, aggraver l'épidémie, et ralentir la recherche. Il ne s'agit pas de savoir si la personne qui est en face est d'accord ou non pour qu'on lui vide un chargeur dans la tête, mais bel et bien de condamner la personne qui appuie sur la détente! Et dans ce sens, Mr Rémes s'offense que Act Up "propose d'exclure ceux qui baisent sans capotes" dans les backrooms. Cela me paraît relever du bon sens, et pas du tout, comme il l'écrit, chercher à "criminaliser les séropos". On appelle cela un procès d'intention, mais je n'apprends rien à un "écrivain" et "journaliste" Je perçois davantage cela comme une méthode préventive contre les "sérial fuckers" qu'il justifie, mais qu'il pourrait tout simplement appeler "serial killers". Sous cet angle, la liberté sexuelle de ce monsieur me parait largement "compressible"! Et en matière de responsabilité, écrire et justifier publiquement de cette expérience dépasse largement le cadre de l'information "bareback" mais constitue bel et bien un appel "de fonds". C'est un peu comme la nouvelle économie... des start-up construites sur du vent mais dont la chute peut avoir de grandes conséquences.... Finalement, jc n'est qu'une victime du discours de Rémes, qu'il a mal compris, et qu'il déforme... mais il veut être calife à la place du calife... Grumly |