L'homme, je le trouve plus grand encore que l'écrivain. Disons qu'un surdoué a tellement conscience de sa valeur que son orgueil lui permet alors de ne pas craindre de tout perdre, cela diminue son mérite, mais ne cache pas la souffrance subie dans cette perte acceptée. Exclu socialement par sa supériorité monstrueuse , un peu plus ou un peu moins d'exclusion ne change pas grand chose, alors qu'au moins ce soit pour la bonne cause : celle des malades , et de la liberté autonome et responsable.
Aucune autre personne n'aura autant fait pour les séropositifs et pour cette Liberté. Il faudra laisser le temps faire son oeuvre, attendre la fin des censeurs, qui ne pourront pas faire oublier longtemps la reconnaissance d'un auteur phénoménal.
Si je me mets à écrire, mon premier livre s'appellera "premier roman" , en hommage à celui qui a voulu enterrer le genre, mais qui a aussi réalisé sur le tard que l'absence de perspective pour lui n'est pas la fin de l'avenir pour les autres. Mes livres barebacks, si j'en écris, auront "plus d'humour et plus d'imagination", autocritique réalisée par Dustan quand il a porté récemment un regard sur son oeuvre. Main tendue aux romanciers qui ne supportent pas de n'être "que" des écrivains.L'esprit romanesque est aussi nécessaire à l'écriture que sa croyance inavouée imprègne le plus endurci des athées. |