Je suis un jeune passionné de musique folklorique roumaine. Et, j'en ai foncièrement assez, de par le monde, de constater que, continuellement, l'idée d'une "musique roumaine" est directement associée à l'idée d'une "musique tzigane". Pourtant, il n'en est rien! Des sommités du domaine musical classique, tels que le furent Béla Bartok ou George Enescu, à titre d'exemple, l'un se passionnant pour l'ethnomusicologie, le second tâchant toujours de promouvoir les splendeurs de la culture de son pays d'origine, continuèrent toujours de dissocier une fois pour toute ce qui convient d'être appellée la "musique autochtone" du peuple roumain, et la "musique tzigane". Suffit de tendre l'oreille pour se rendre compte que ces deux styles sont totalement différents, et que ce sont les Tziganes, et non l'inverse, qui sont redevables des cultures musicales des diverses nations au sein desquelles, actuellement, ils prennent toujours pieds! En vérité, la véritable place des Tziganes dans la musique roumaine en fut essentiellement une - et, encore là, la place des Roumains eux-mêmes, en ce sujet, est bien souvent majoritaire, sinon quasi-totale, exception peut-être faîte des zones urbaines de Munténie; en fut essentiellement une, donc, d'exécution mélodique. Courte explication: l'Église, on le sait, considérait la musique et la danse comme des péchés, des actes incitant aux vices (en réalité, c'était-là une véritable entreprise de destruction des cultures populaires, "paiennes"). Si le bas-clergé, constitué de popes locaux (prêtres) toléraient plus qu'évidemment ce genre de manifestations, puisque les paysans continuèrent à faire fi de ces enseignements, et préservant leur culture, il n'en demeure pas moins que, au sein des classes bourgeoises, dans les bourgs et chez les nobles, ce sont des Tziganes, n'ayant rien d'autre à faire outre soit jouer de la musique ("laurati"), présenter des numéros de cirques ("ursari"), ou voler (hé oui, ne nous le cachons pas, les Tziganes sont des malfaiteurs, et les "haiduci", bien que noble fut-il, en sont un bon exemple ... ) qui s'affairaient à offrir à ces gens un divertissement musical. Lorsque la noblesse déclina, ces Tziganes se retrouvèrent de nouveau "au chomâge" et ... temps modernes obligent, ce sont les paysans qui se mirent à les engager, lors des noces, ou toutes autres fêtes ou événements particuliers du cycle de la vie annuelle. Ces tziganes, donc, jouaient de la musique ROUMAINE, PAYSANNE ... et, ne fut-ce que le "pathos" propre à la musique tzigane qui a pu s'imprégner dans l'exécution directe de la musique roumaine qui était jouée! Bref, "musique roumaine", "musique tzigane", ce sont deux choses totalement différentes, en tout points, et s'il en est une qui est redevable de l'autre, c'est bien la seconde ...  |
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